L’Association d’Etude et de Recherche en Ostéopathie fête aujourd’hui son 5ème anniversaire. C’est l’occasion pour nous de vous inviter.
Apprendre comprendre transmettre tel était l’objectif de départ : faire vivre cette Ostéopathie que nous aimons et que nous pratiquons tous les jours dans nos cabinets. Par respect de la tradition, parce qu’elle ne nous appartient pas mais aussi et surtout parce que cette Ostéopathie doit vivre : la vérité est sur la table de soins et pas dans de grands discours !
Les 5 premières années nous ont servi à asseoir l’association, l’heure est venue aujourd’hui de vous ouvrir les portes : notre souhait a toujours été d’essayer d’élever le niveau de compréhension, nous avons pour cela besoin d’apports extérieurs. Et quels apports ! Nous avons la chance, le bonheur de vous présenter pour cette première journée d’étude des intervenants de très haut niveau. Nous en sommes très honorés. Qu’ils sachent combien en tant que Président de l’association, je leur suis reconnaissant de ce qu’ils font pour nous.
Le travail, la rigueur, la précision (nous parlons souvent du millimètre et du milligramme) mais aussi la joie de se retrouver et de partager ensemble…sont les maitre-mots de notre famille ostéopathique. Alors que cette journée d’étude nous permette de mieux nous connaître, d’échanger et nous apporte un nouvel éclairage sur l’épaule depuis les fondements jusqu’aux différentes démarches ostéopathiques. Que ce 5ème anniversaire soit aussi convivial et festif car c’est aussi l’état d’esprit que véhicule l’association depuis sa création !
Bonne journée à tous !
Docteur Ph PRIMOT
L’épaule selon l’AERO
Monsieur le Docteur Philippe PRIMOT Médecin Ostéopathe,
Le concept AERO repose sur un examen systématisé, qui est toujours le même dans la mesure où le symptôme n’importe pas. Cet examen sera donc au départ global (à la recherche de la lésion source, qu’il conviendra de traiter par une technique adaptée) puis au fur et à mesure local. Cette attitude du général au particulier a conduit à sectoriser le corps en 4 systèmes. Le complexe de l’épaule appartient au système 2 avec l’ensemble du membre supérieur et le rachis de C4 à D4.
Dans notre prise en charge de l’épaule, l’articulation acromio tubérositaire (ou bourse séreuse sous acromio deltoïdienne) joue un très grand rôle. En effet, le passage de la grosse tubérosité de l’humérus sous l’arcade souple du ligament acromio-coracoïdien nous permettra d’appréhender la position de la tête dans la glène. Il existe trois voies de passage d’où découleront trois tableaux cliniques :
un décentrage supérieur de la tête humérale,
un décentrage antérieur de la tête humérale
une rétroversion de la tête humérale
Nous en décrirons également un quatrième : la dysfonction acromio-claviculaire. Cette dernière correspond à une « lésion fondamentale » (lésion qu’il convient de toujours régler dans un premier temps si l’on veut que la suite du traitement soit efficace).
Les différents tests (effectués en passif sur un patient détendu) rechercheront un « contact dur » signe de discordance articulaire, soit par perte de parallélisme ou par décentrage de l’articulation.
Il existe normalement une harmonie entre les forces mécaniques qui mobilisent les différentes pièces osseuses et les forces biologiques qui apportent la vitalité aux tissus : c’est la loi de l’interligne.
Les techniques de correction seront dites arthroceptives car l’objectif est de retrouver le bon fonctionnement articulaire tout en déjouant les mécanismes neurogènes de défense.
Ces techniques nécessitent donc une précision au « millimètre et au milligramme ».
Il est important de retenir : l’approche globale de l’AERO, l’examen systématisé, la hiérarchie de traitement et enfin le type « arthroceptif » des techniques.
Le complexe fonctionnel de l’épaule
M Didier PHILIPPONEAU Ostéopathe DO, Chargé d’enseignement au Conservatoire Supérieur d’Ostéopathie de France M le Docteur André RATIO Médecin, Ostéopathe DO, Fondateur du Conservatoire Supérieur d’Ostéopathie de France
La région morphologique de l’épaule est d’une richesse pathologique telle que ses approches diagnostiques et thérapeutiques nécessitent une démarche rigoureuse, très analytique et méthodique.
Certes, l’ostéopathie est une médecine holistique, le praticien traite un patient dans ce contexte globaliste, mais il n’en demeure pas moins qu’il faille cerner la plainte, cerner les tissus qui s’expriment afin déjà de savoir réorienter le patient si nécessaire. Dès lors le diagnostic s’impose.
Et pour nous Ostéopathes, ce que j’appelle le diagnostic étiologique. Le pourquoi. Au cours de cet exposé nous allons donc procéder à quelques rappels succincts de points clefs anatomiques et biomécaniques. Nous devons garder en mémoire le « comment » c’est fait et « comment » ça fonctionne.
Puis nous allons passer en revue l’essentiel des tests permettant d’évaluer de façon systématique la quasi-totalité des tissus constituant l’épaule. Ce temps clinique, orthopédique, est fondamental.
Il nous crédibilise lors des échanges avec les autres professionnels de santé.
Ensuite le Docteur André RATIO abordera l’implication d’éléments plus « distants » et plus subtils dont l’expression se matérialise d’une façon ou d’une autre à l’épaule et nous livrera son approche expérimentée et multidisciplinaire.
L’épaule chirurgicale
M le Docteur Marc DUPORT Clinique du Sport MEDIPOLE GARONNE Docteurs Marc DUPORT et Jérôme ESSIG
L’articulation gléno humérale est l’énarthrose la plus mobile du corps. Capsule et muscles (coiffe des rotateurs et deltoïde) assurent un équilibre dynamique fragile. La pathologie chirurgicale est donc très riche et pose le problème de la réparation chirurgicale et de la récupération fonctionnelle.
Les ruptures de coiffe sont suturées, les arthroses évoluées relèvent de la chirurgie prothétique, les luxations récidivantes sont stabilisées, de même que les luxations acromio- claviculaires.
En dehors de la chirurgie prothétique qui reste une chirurgie classique à ciel ouvert (même si les prothèses se réduisent en volume : prothèse de resurfaçage, même si le mini invasif est à la mode) toutes ces interventions peuvent se pratiquer sous arthroscopie et donc un peu agressives.
Nous insisterons essentiellement sur les ruptures de la coiffe des rotateurs, les instabilités d’épaule, les entorses de l’articulation acromio-claviculaire qui posent le plus de problèmes techniques et de rééducation post opératoire.
Les ruptures de la coiffe des rotateurs représentent la pathologie la plus fréquente et sont soit traumatiques, soit le plus souvent dégénératives. Plus les sujets sont jeunes, et avant 70 ans, plus la réparation chirurgicale est nécessaire et doit être précoce car on connaît leur aggravation progressive. S’y associent le plus souvent une acromioplastie et un geste sur le biceps, soit à type de ténotomie, soit à type de ténodèse.
Chez les personnes âgées de plus de 70 ans, et qui souffrent de l’épaule, seuls des gestes antalgiques (ténotomie du biceps, acromioplastie, débridement intra articulaire) sont suffisants. Cette chirurgie doit se faire aujourd’hui sous arthroscopie.
Divers procédés techniques permettent de réinsérer les tendons au niveau du trochiter dont ils se sont détachés. L’utilisation de vis intra osseuses sur lesquelles des fils sont attachés permettent sous contrôle de la vue d’appliquer le tendon contre l’os et de le fixer à celui-ci afin de favoriser la cicatrisation. L’acromioplastie correspond à la résection du bec acromial agressif, ce geste est systématiquement associé à la réparation de la coiffe des rotateurs.
Les instabilités d’épaule, le plus souvent sont antérieures et d’origine traumatique. Les indications chirurgicales sont larges surtout chez le sportif et en cas d’instabilité récidivante. Un score (le score ISIS) permet aujourd’hui de mieux adapter les techniques chirurgicales.
En effet, plus les patients sont jeunes, plus le sport est violent, de niveau compétition, plus il y a des lésions de passage, plus l’hyperlaxité est importante et plus la stabilisation relève du triple verrouillage (butée coracoïdienne).
Sinon une capsuloplastie avec réfection du bourrelet peut se faire sous arthroscopie. Les disjonctions acromio-claviculaires (stade III ou IV) relèvent aujourd’hui d’une stabilisation sous arthroscopie avec des résultats très encourageants, à condition que celles-ci soient opérées très précocement.
Les omarthroses évoluées relèvent, après le traitement médical et de rééducation, d’une chirurgie prothétique, soit à type de prothèse standard d’épaule, soit par cupule de resurfaçage. Les omarthroses excentrées sur rupture massive de la coiffe des rotateurs (épaule pseudo paralytique) relèvent d’une prothèse totale d’épaule dite inversée dont on connaît les résultats spectaculaires.
Il s’agit là des cas les plus fréquents concernant la chirurgie de l’épaule, toute cette pathologie chirurgicale relève en post opératoire d’immobilisation et de soins de rééducation qui restent longs et délicats.
L’épaule selon le Lien Mécanique Ostéopathique (LMO)
de Paul Chauffour et Eric Prat, ostéopathes D.O.MROF.
Par Mme Ildiko NEPLAZ, Ostéopathe DO MROF, chargée de cours
L’approche ostéopathique de l’épaule, comme celle de toutes les structures du corps humain, s’appuie sur l’approche globale d’Andrew Taylor Still, dite aujourd’hui « systémique ».
En effet celle-ci considère le corps humain comme un « ensemble, aux frontières délimitées, constitué de sous-ensembles hiérarchisés, en interdépendance et en interaction constantes entre eux et avec l’environnement ».
Ce postulat avec d’autres, si chers à Andrew Taylor Still, guide notre pratique quotidienne d’ostéopathe. Pour ce qui nous concerne, notre approche du Patient s’appuie sur la méthode de diagnostic et de traitement ostéopathiques du LMO.
Nous exposerons sommairement, lors de notre intervention dans cette journée consacrée à l’épaule, les fondamentaux de cette méthode systémique et le concept de « lésion ostéopathique totale ».
Notre intervention, s’appuiera sur une démarche « segmentaire », de la structure de l’épaule, possible selon le LMO dans certaines circonstances très précises de l’urgence :
nous respecterons cependant, très concrètement, lors du diagnostic « segmentaire », les trois liens, du domaine de l’ostéopathe et indissociables dans le fonctionnement du corps humain :
Mécanique
Fluidique avec les astères
Neurologique
qui constituent la base incontournable de l’établissement d’un diagnostic précis, ciblé pour une action efficace et pérenne :
nous signalerons, lors du traitement, effectué à l’aide du « recoil » toutes les règles qui, selon le LMO, s’imposent dans cette approche dite « symptomatique »
Nous pourrons ainsi, lors de cette présentation, mettre en évidence toute la richesse de la méthode du LMO :
traditionnelle, dans le respect de l’approche globale d’Andrew Taylor Still,
moderne dans le critère de restriction d’élasticité tissulaire retenu pour définir la lésion ostéopathique
très innovante, par des tests, jusqu’alors, occultés en ostéopathie.
essentielle, dans l’élargissement important du champ de compétences de l’ostéopathe.
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